“Comprendre le cycle de l’eau à La Clusaz”

Devant environ 80 personnes, trois intervenants se sont succédé pour prendre la parole, après une introduction de M. le Maire, Didier Thévenet.

Pierre Barrucand, maire de La Balme-de-Thuy et vice-président du Syndicat Mixte du Lac d’Annecy (SILA), est intervenu pour présenter les missions du SILA, parmi lesquelles on retrouve la gestion du grand cycle de l’eau, avec la Gestion des Milieux Aquatiques et la Prévention des Inondations (GEMAPI) et la démarche Quanti-FIER.
Cette démarche a pour objectif de structurer une gouvernance partagée de l’eau à l’échelle des bassins versants liés au lac d’Annecy, à travers une analyse scientifique visant à déterminer une stratégie de connaissance et de gestion quantitatives des cours d’eau sur le territoire du contrat de bassin Fier et Lac d’Annecy.
L’étude a permis, dès ses premières phases, d’impliquer un large panel d’acteurs (institutionnels, agriculteurs, acteurs économiques et touristiques, services de l’eau, aménageurs du territoire, etc.), et un programme d’action est en cours d’élaboration.

Le second intervenant, Valentin Claeys, hydraulicien, a présenté une synthèse des études menées à La Clusaz depuis plusieurs années sur le sujet de l’eau.
Les grandes conclusions de celles-ci reposent sur le constat d’une évolution des précipitations, qui va conduire à voir de fortes chutes de pluie notamment en fin de saison hivernale en corrélation avec la fonte de la neige, puis des périodes de sécheresse sans doute plus longues.
Les enseignements à tirer de toutes les études sont principalement la nécessité de concilier les usages, d’envisager les infrastructures existantes (de stockage par exemple), avec plusieurs fonctionnalités, tout ceci au service des milieux aquatiques. Parmi les recommandations suggérées, la nécessaire coordination des acteurs a été fortement mise en avant, afin de ne plus travailler en silo et « besoin par besoin » mais bien dans une vision globale au service des milieux aquatiques

Pour conclure la soirée, Séverin Duc, professeur agrégé et docteur en histoire moderne, a offert une perspective historique sur le rapport des hommes à l’eau dans les Alpes.
Son exposé a montré que la gestion de cette ressource, source de vie et de développement, a depuis des millénaires été l’objet de l’intervention humaine. Sous le prisme étendu de l’arc Alpin, la fonction essentielle des Alpes dans l’alimentation en eau d’une grande partie de l’Europe a été mise en lumière.
Sa présentation a également permis d’illustrer les modalités de partage de la ressource pour les différents usages (agriculture, industrie, production d’énergie, eau potable, milieux aquatiques, et neige de culture plus récemment). Si en France, la gouvernance de l’eau est clairement institutionnelle, dans les cantons suisses par exemple elle fait l’objet d’instances (les consortages) qui subsistent encore pour que les différents usagers puissent trouver des équilibres et des accords.
En définitive, Séverin Duc a invité l’assemblée à penser la question de l’eau comme un potentiel levier pour adapter la gouvernance en montagne, afin de « discuter et décider, agir et équilibrer, contrôler et trancher ».